Or
puisque nous avons vu combien les âmes sont agiles, elles ne peuvent
avoir que des éléments déliés, polis et ronds. Ne va pas cependant pas
croire que ces images vagabondes ne sont que les dépouilles des êtres.
Même quand le sommeil s'est répandu dans nos membres, les intelligences
restent encore assez attentives pour continuer à converser avec ces
mêmes fantômes qui assiègent nos veilles.
Images revêtues
de mille formes, elles nagent à la cime des nues, essences fluides qui
changent incessamment d'aspect et dont les contours se plient à mille
ressemblances.
L'abondance
du vent que chassent les images.
La longueur du souffle qu'effleurent nos yeux.
d'après
Lucrèce, De rerum natura